Un dimanche heureux
Il flottait dans les airs un parfum d’insouciance, de légèreté, de camaraderie… Un de ces moments où le quotidien et ses préoccupations ont été mis de côté. Pour un peu, on se serait cru dans un autre temps. Si, rappelez-vous, on l’a tous vécu, et plusieurs fois dans nos vies.
Ces moments où n’est important que le bien-être. Où ne compte que le bonheur d’être ensemble, en famille, entre amis. Oh, il ne se passe rien de spécial. Pas de dorures, pas de bling-bling. Non, simplement une atmosphère qui se dégage d’un moment, d’un lieu.
Il faut dire que c’était Marseille. Marseille la Rouge, mais Marseille la Bleue aussi, son bleu azur que permet souvent aux plus démunis de résister aux difficultés de la vie.
Après avoir épuisé le Mistral, l’OM et l’apéro, on s’est forcément mis à parler Politique. Comme d’habitude, tout y passe : le prix de l’essence, de l’électricité, le petit bien malade et personne pour le soigner le dimanche, le grand-père qui veut sa retraite mais…y a pas les sous, il n’a pas fini le crédit.
Et puis, il y a eu lui, qui est arrivé, qui avait tendu l’oreille certainement depuis un moment, parce qu’on ne dit pas ces choses-là comme ça, par hasard. Il est malin, il avait préparé son coup mais ça ne se voyait pas. On aurait dit qu’il parlait des gens, de la vie. Il les connaissait tous. Il savait leurs problèmes, leurs difficultés. Il eut un mot pour chacun.
Tiens, pour André et sa mère en Ephad. 3000 € par mois. Pour l’instant on arrive à payer mais dans 2 mois, on ne sait pas ce que l’on va faire. La vieille, elle n’a rien et nous, on ne peut plus. Il faut être aidé. Alors, il dit qu’il faudrait arrêter de privatiser les Ephad et que la gestion soit redonnée à la puissance publique. Pas de bénéfices sur les vieux mais des lieux de vie agréables, humains simplement. Avec de vraies prises en charge, surtout pour ceux qui n’ont pas les moyens.
Et Loretta, qui dit que c’est quand même pas croyable, avec tout le pognon que certains engrangent. Elle a entendu, sur FranceBleue, les riches sont encore plus riches et…devine le reste pour les plus pauvres. C’est honteux. Il lui a répondu : il faudrait taxer plus fortement les profits et remettre en place un vrai ISF, l’impôt sur la fortune. Les très riches paient plus, les plus pauvres ne paient pas…Et bien surveiller tout ça car on sait qu’il y a des filous et on connait leur camp.
Réponse à tout, il avait le gars avec son drôle d’accent. Il n’était pas d’ici mais il parlait bien. Quand Loul a dit qu’il en avait marre d’aller bosser, qu’à son âge, on en avait plein le dos, il a dit tout haut ce que l’on pense depuis 2003 et les Sarkozy et Fillon. La retraite à 60 ans, c’est possible. Et il a dit comment il fallait faire, où étaient les milliards, comment les prendre…sans voler, sans faire peur, simplement, en partageant d’une manière plus égale.
Et puis, y’a eu Rosine. Elle, c’est un moulin, et le Mistral, il lui tourne souvent la langue. Et fort avec ça. On dirait une Marianne avec le bonnet sur la tête, qui monterait à Paris pour défendre la veuve et l’opprimé. Elle critique, elle critique mais elle dit juste. Une bazarette, d’accord mais quand elle parle, tu écoutes et tu es d’accord.
« Et les salaires ? Ya pas que les vieux dans la vie ? Comment on fait pour les factures ? moi, j’ai pas pu payer le loyer ce mois-ci. Pourtant avec Jean-Claude, on se lève à 6 heures, depuis 30 ans. Alors, les 1200€ qu’on gagne à Carrefour, ils ne suffisent plus. » Du tac-au tac, il dit « le SMIC à 1500€ net » on devrait pouvoir vivre un peu mieux.
« Et le permis du petit, qui c’est qui va payer ? Les riches, avec l’ISF, on peut faire le permis gratuit pour les jeunes ».
« Et l’école ? Y a plus d’instits, jamais remplacés ! Et ces devoirs, moi, j’aimerais pouvoir lui donner des cours privés, ou lui payer la licence du club, l’emmener au cinéma plus souvent, lui payer des vacances ? Hein alors ?
-Si on le décide, si on le fait tous ensemble, c’est possible. Plus de profs, plus d’école, plus d’égalité, plus de loisirs…Pour tous ! Enfin, Réveillez-vous, c’est possible, dès cette année !
On vote en Avril, on choisit bien nos députés et c’est parti, la vie va changer !
Putain, il m’avait regonflé, le mec, ce Fabien, avec ces Jours Heureux ! Ca y est, j’y crois de nouveau et je vais le dire, simplement le dire, pendant 2 mois qu’il reste jusqu’aux élections :
Votez Roussel, le candidat des Jours Heureux ! Votez Roussel !
Freddy
