Le syndrome du larbin est un comportement pathologique visant à prendre systématiquement la défense des classes les plus favorisées au détriment de celles dont il est issu. L’amour démesuré qu’affiche le larbin à l’égard des patrons ou des rentiers est l’acte de foi qui structure son discours. Il agit sans discernement pour tenter de nous convaincre que piocher chez les riches est toujours la pire des solutions, quand bien même il en serait bénéficiaire. De tendance nettement libérale, le larbin est celui qui vous vante les bienfaits du bouclier fiscal alors même qu’il ne paye pas d’impôts. Un écervelé qui n’a pas de conscience politique, mais vote instinctivement dans l’intérêt de ceux qui l’exploitent pour s’attirer leur bienveillance. Qui estime que l’argent qui lui fait défaut est beaucoup plus utile dans le coffre d’un riche qui pourra l’investir mieux que lui ne l’aurait dépensé. Le larbin cautionne sacrifices et plans d’austérité, baisse des salaires et augmentation de l’âge de la retraite même si rien de tout ça n’offre de perspective d’améliorer sa condition.
Après des siècles de féodalité, les larbins pourraient être le produit d’une sélection artificielle. La transmission génétique des caractères aurait favorisé l’apparition d’une nouvelle espèce de primate : l’homo larbinus. Le syndrome s’aggrave à l’âge adulte lorsque le sujet prend conscience de la médiocrité de sa condition. Il développe des stratégies inconscientes visant à restaurer un équilibre cognitif pour justifier l’acceptation de sa subordination, et finit ainsi par s’identifier à ses maîtres en s’imaginant appartenir au corps social qui l’exploite. Ce syndrome ne prolifère pas seulement chez les plus démunis intellectuellement, mais affecte une large population sans corrélation apparente avec le niveau d’études. Ainsi, 20 % de la population pensent faire partie des 1 % les plus riches.
Source : l'Humanité.fr - 13 janvier 2011
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